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Réunions et associations. — Inutile, à présent, de parler des réunions et associations politiques. Comment supporter, à côté d’un Pouvoir centralisé, la formation de foyers ennemis ? La liberté municipale est intolérable, et l’on autoriserait celle des clubs ! En 1848, la loi sur les réunions et associations politiques semblait obscure ; il me souvient pourtant que les arguments de l’Opposition, tirés du droit naturel et du droit écrit, ne me convainquirent nullement. L’incompatibilité était flagrante : on s’en aperçut le 21 février, quand la seule tentative d’une réunion détermina la chute du Gouvernement. N’est-ce pas la réunion de la rue de Poitiers qui a tué la République ? En 93, la société des jacobins n’est-elle pas devenue maîtresse de la Convention ? Et plus tard, après la mort de Robespierre, n’a-t-il pas fallu la supprimer ?…

Quelle pitié de voir d’anciens députés, candidats au Corps législatif, des hommes qui, par les décrets des 27 et 28 juillet 1848 peuvent se vanter d’avoir eu leur part dans cette législation contre la liberté de la presse et le droit d’association et de réunion, s’ériger en conseillers du peuple pour l’interprétation du décret du 2 février 1852 ; organiser, sous ce prétexte, par tout l’Empire, une vaste conspiration électorale ; puis, quand le Pouvoir leur demande compte de leur conduite, quand il leur oppose les textes formels de l’art. 291 du Code pénal, de la loi du 10 avril 1834, du décret du 28 juillet 1848 ; quand il publie leurs correspondances si curieuses, au lieu d’avouer franchement leur délit, au lieu de déclarer que, placés entre un droit et un devoir incompatibles, ils ont sacrifié le moins important au plus considérable, protester