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discours : « La France, que j’ai sauvée en 1851 de la guerre civile et du parlementage, se perd de nouveau avec ses fantaisies de tribune et de presse. Je les supprime l’une et l’autre. Le Moniteur du matin et celui du soir seront chargés de pourvoir à tous les besoins de la publicité ? »

Eh bien ! dira-t-on, puisque la presse est un des rouages indispensables de notre système politique ; qu’elle n’est susceptible ni de réglementation, ni de concurrence, ni de suppression, le plus simple est de l’abandonner à elle-même et de la laisser libre. C’est la thèse de M. de Girardin, qui, pour rassurer le Gouvernement, s’efforce de lui faire accroire que la presse est impuissante.

La presse est un instrument de publicité, indifférent par lui-même à la vérité comme au mensonge, à la liberté comme au despotisme, et qui ne vaut que par la puissance des partis qu’elle sert. Or, peut-on dire que les partis armés de la presse, du droit de réunion, etc., soient impuissants contre le Pouvoir ? Mais c’est sur cette puissance des partis qu’est fondé le système parlementaire ; et voyez l’usage que depuis 89 ils en ont fait.

L’ancienne monarchie, qui convoqua les États-Généraux et fit la Révolution, réformée elle-même par l’Assemblée constituante, a duré trois ans et demi.

La première république avait maintenu par ses Constitutions de l’an ii et de l’an iii, toutes les libertés et les droits donnés par la Royauté défunte. Pouvait-elle moins faire ? Elle a duré sept ans ; elle a passé, comme un éclair sinistre, à travers les conspirations ; elle s’est installée par un coup d’État, elle a vécu de coups d’État, et elle est morte d’un coup d’État.