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nation et de diriger sa destinée, de faire passer tout cela, dis-je, aux mains d’une faction, d’une dynastie rivale ? L’autorité se soulèvera dans toutes ses puissances ; autant les partis d’opposition mettent d’ardeur à la poursuite, autant l’armée gouvernementale déploiera d’énergie pour la résistance. Alors, que la majorité se prononce pour le Pouvoir, au moins dans le Parlement, et vous aurez, selon les temps, les lois de Septembre ou le décret du 17 Février 1852 ; la justice sévira, et le Gouvernement se verra délivré pour quelque temps de ses implacables adversaires, par la condamnation, l’incarcération, le sac des imprimeries, l’amende et la transportation. Au contraire, que le Pouvoir sente sa popularité faiblir, il se montrera plus réservé.

Ce qui ajoute à l’antipathie du Pouvoir pour ce régime d’examen, à l’antagonisme déclaré entre lui et la presse, c’est le tempérament anarchique, immoral, plein de mauvaise foi, de celle-ci ; ce sont ses habitudes de charlatanisme, de vénalité et de calomnie.

La cause première de cette démoralisation de la presse, démoralisation aujourd’hui parvenue à un tel degré que le public en souffre encore plus que le Pouvoir, c’est que, malgré la loi qui les a rendus responsables et pour ainsi dire érigés en censeurs, les typographes ne peuvent pas se livrer à l’examen des écrits qu’ils impriment ; ils sont contraints de se renfermer dans l’exercice de leur industrie. Règle générale, d’ailleurs conforme aux vrais principes de l’économie politique et du droit, l’imprimeur ne connaît pas du contenu des publications. À part les cas, assez rares, de complot, de diffamation ou d’obscénité, il