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Chapitre VI. — Liberté de la presse. — Droit de réunion et d’association : leur incompatibilité avec le système unitaire.


Liberté de parler et d’écrire : liberté de s’associer et de se réunir : encore un sujet sur lequel l’Opposition constitutionnelle aime à s’ébattre, au grand dommage du Pouvoir qui ne sait que répondre, de la Constitution qui n’en peut mais, du Pays qu’elle abuse, mais pour sa plus grande gloire et popularité à elle-même. Vraiment, il faut que ces hommes aient bien peu réfléchi sur les soixante-quinze dernières années de notre histoire, pour nous ressasser comme ils font ces libertés que fait fuir leur politique, ou qu’ils soient bien convaincus qu’ils pérorent devant un public de sots.

Quoi ! depuis l’invention des caractères mobiles par Jean Guttenberg en 1438 jusqu’à la Révolution française, la presse a été considérée comme une invention diabolique, en butte à l’animadversion non-seulement de la Congrégation de l’Index, la moins redoutable des puissances qui la menacent, mais de tous les Gouvernements, de tous les partis, de toutes les sectes, de tous les priviléges bourgeois et nobiliaires ; — depuis la Révolution jusqu’à nos jours, pour ne parler ici que de nous, elle a été poursuivie par tous les Gouvernements qui, en se référant aux principes de 89, promettaient implicitement de la laisser libre : et l’on en est à se douter que cette répression unanime, acharnée, pourrait bien être due à