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Rendons cette proposition plus explicite encore, s’il est possible. Ainsi qu’il a été dit plus haut (IIe partie, chap. ix), deux principes sont considérés dans le monde bourgeois, tel que l’a fait la Révolution, comme les deux colonnes de la société et de l’État : ce sont, d’une part, le principe de centralisation politique, de l’autre, celui d’insolidarité économique, en autres termes d’anarchie mercantile et industrielle, qui faisant contre-poids au premier aboutit nécessairement à la féodalité du capital. Or, ces deux principes devant, selon les lois de l’évolution historique qui régissent tous les gouvernements, produire avec le temps leurs conséquences, et la liberté municipale leur faisant obstacle, il en résulte que la vie communale doit, comme plus faible, se subordonner progressivement à l’action du centre ; et que si l’autorité supérieure, le Pouvoir central, a établi son siége dans une ville, cette ville devenant capitale doit, plus qu’aucune autre et plus promptement qu’aucune autre, perdre son caractère de municipe.

Telle est la proposition, évidente par elle-même pour quiconque a l’intelligence des termes dont elle se compose, que j’oppose aux municipalistes parisiens, et qui met à néant leurs revendications.

Quant à ceux de mes lecteurs qui n’ont pas l’habitude de saisir du premier coup dans une formule tout ce qu’elle contient, je crois devoir leur rappeler quelques faits, qui leur rendront la chose tout à fait palpable.


I. Décadence des libertés municipales. — L’unité française est le produit authentique de notre histoire. Elle