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du suffrage universel comme ils eussent fait il y a vingt ans du suffrage censitaire ; des hommes que nous eussions dû combattre en pleine Chambre des députés, si par impossible nous fussions devenus leurs collègues ; des hommes enfin, qui, appelés au gouvernement de la République et à la représentation du Peuple, n’ont su comprendre, ni en 1848, à l’explosion des idées sociales, ni en 1852, à la suite du coup d’État, ni en 1863-64, à l’apparition des candidatures ouvrières, que le suffrage universel et direct était autre chose qu’une gigantesque fournée d’électeurs ; que par lui tout était changé de fond en comble dans le système politique et économique, depuis la constitution du Pouvoir central jusqu’à la dernière école de village !…

Ils parlent de liberté et de corruption. Se doutent-ils seulement de ce qui fait la liberté et l’intégrité du suffrage universel ?

Dans une Démocratie organisée suivant les vraies notions de la souveraineté populaire, c’est-à-dire selon les principes du droit contractuel, toute action oppressive ou corruptrice de la part du Pouvoir central sur la Nation est rendue impossible : l’hypothèse même en est absurde. Et comment cela ?

C’est que, dans une Démocratie vraiment libre, le Pouvoir central ne se distingue pas de l’assemblée des députés, organes naturels des intérêts locaux appelés en conciliation ;

C’est que chaque député est ayant tout l’homme de la localité qui l’a choisi pour son représentant, son émanation, l’un de ses citoyens, son mandataire spécial chargé