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influence au ministère ? M. Pinard, directeur du Comptoir d’escompte, offrant aux électeurs de les faire jouir d’un taux fixe de 3 ou 4 pour 100 au lieu de 6 et 7, serait-il plus corrupteur que M. Carnot, offrant pour garantie du serment qu’il vient de prêter à Napoléon III, celui prêté en 1815 par son père à Napoléon Ier ?

À ce propos, je ne puis m’empêcher de remarquer que l’exclusion de M. Bravay, deux fois élu par le département du Gard, a été de la part du Corps Législatif un acte d’insigne arbitraire. On a fait courir le bruit que le vrai motif de cette exclusion était moins dans la corruption des électeurs que dans l’indignité de l’élu, accusé de faits que la morale mercantile la moins sévère réprouverait hautement. Admettons que l’inculpation fût fondée. Les députés pouvaient, si le fait allégué était vrai, exercer sur leur futur collègue une pression qui l’aurait contraint à se démettre : mais il fallait commencer par déclarer la régularité de l’élection, puisqu’en effet l’élection était régulière. Il appartenait ici à l’Opposition de prendre en main la défense de la loi. Au lieu de cela, on a trouvé plus commode de faire de la vertu, peut-être de la calomnie, puisque tout s’est fait à huis-clos, aux dépens de la liberté et de la légalité électorale. Ce n’est pas tant sur M. Bravay que rejaillit cette éviction, que sur les électeurs eux-mêmes.

Croit-on que les démocrates socialistes qui ont voté pour M. Pelletan, bien que, disaient-ils, ce candidat ne fût pas des leurs, aient voté dans leur opinion pour des prunes ? Ils ont fait une mauvaise spéculation politique : voilà tout. Le 14 juillet 1789 a trouvé son salaire dans la nuit du 4 août. Il en sera de même de tous les votes du