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dèles de l’Opposition reçoivent un renfort d’environ 57,000 suffrages, qui des rangs de l’abstention passent tout à coup à ceux de l’Opposition. Il n’est pas douteux que ces 57,000 voix n’aient été fournies par la plèbe, qui depuis le vote sur le coup d’État ne paraissait plus. D’après la note de la page précédente, il est permis d’affirmer en conséquence que, sur les 153,000 voix données à l’Opposition en 1863, la moitié au moins appartiennent à la démocratie ouvrière.

Maintenant quelle signification, quelle valeur donner à ce vote ?

Il est peut-être sans exemple dans l’histoire que le Peuple, en tant que Peuple, se distinguant de la Noblesse, de la Bourgeoisie, de l’Église, ait témoigné par un acte quelconque d’une idée et d’une volonté propres. Le peuple n’a jamais su en politique qu’une chose, crier : Vive l’Empereur ! — ou Vive le Roi !Vive Monseigneur ! ou Vive notre Maître ! — La plèbe romaine, en créant l’empire, ne fonda rien ; au contraire, elle abolit tout ; la seule chose que dans sa conscience elle affirma jamais fut sa haine des patriciens ; d’elle-même elle ne produisit aucune idée. Ses démêlés avec la noblesse ne furent que des révoltes de clients, d’exploités, pour ne pas dire de serfs. En donnant à César et à ses successeurs jusqu’à Augustule la dictature perpétuelle, le peuple romain désorganisa la république et la remplaça par l’autocratie, par le néant. — Qu’ont été en France, depuis 89, les votes populaires ? une imitation ou plutôt un appoint des votes bourgeois. Le peuple a joué à la politique comme les enfants au soldat. Ni le sans-culottisme, ni le robespierrisme, ni le babouvisme, ni le bonapartisme, ne donnèrent au suffrage universel une