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ils demandent que Napoléon III abdique son titre impérial, comme excédant la limite posée par le suffrage universel ; qu’il renonce pour lui et sa race au bénéfice des sénatus-consultes de 1852 et 1856 ; qu’il rétablisse le statu quo du 1er décembre 1851, et, au cas où il voudrait rester à la tête du Gouvernement, qu’il se soumette de nouveau, comme Président de la République non à vie, au suffrage du peuple. Espèrent-ils obtenir de Sa Majesté une pareille concession ? Le dire serait regardé comme une bouffonnerie. Croient-ils l’y contraindre ? Que devient alors leur serment ? Donc, si les républicains de l’Opposition ne sont entrés au Parlement qu’avec l’arrière-pensée de forcer la position et de rétablir la république, ils avouent que leur but est d’abroger l’Empire ; donc, à moins de les supposer secrètement renégats, ils ne se conforment pas à leur serment ; ils font plus, sans le vouloir peut-être, ils conspirent. Mais que dis-je, sans le vouloir ? Ils le nieraient sans doute, et avec indignation, s’ils étaient interpellés à ce sujet ; au fond du cœur, ils ne seraient pas fâchés que la Démocratie le crût. Telle est la déplorable conscience qu’a faite à nos hommes politiques le serment.


4.Le Serment, et la Démocratie nouvelle.


En France, le serment politique, multiple en ses termes, complexe en sa formule, hétéroclite en ses données, contradictoire dans son expression, déshonoré par ses antécédents, impuissant et mensonger, est un de ces actes que doit s’interdire tout homme, tout parti qui réfléchit.

On ne prête pas un serment ambigu, équivoque, à dou-