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rêts et de la bascule des pouvoirs, savez vous faire des moyens d’attaque irréprochables devant les constitutions et les lois, êtes-vous de bonne foi ? Pouvez-vous parler de votre innocence ? Vos discours ne sont-ils pas autant de trahisons ?… Vous dites, parlant du Pouvoir : Que ne change-t-il de politique ! Que ne change-t-il de constitution ! C’est-à-dire, que ne donne-t-il sa démission entre nos mains !… Comme si notre pays n’avait pas essayé toutes les formes de Gouvernement ! Comme si nous n’en étions pas en ce moment au pur scepticisme ! Et qui donc ignore aujourd’hui que de toutes ces constitutions dont le tourbillon nous entraîne, la meilleure ne vaut jamais les autres, et que la préférence affectée pour celle-ci à l’exclusion de celle-là n’est toujours qu’un moyen d’opposition ? Vous opérez le vide autour du Pouvoir ; vous creusez le fossé au pied de ses murailles ; vous minez ses fondements ; vous donnez le signal aux conjurés, et quand l’édifice saute, vous vous écriez en battant des mains : Ce n’est pas notre faute ; nous avons tenu notre serment. Ah ! vous ressemblez à la femme dont il est parlé dans l’Écriture, qui, couverte de la souillure de son adultère, proteste de sa pudeur. Vous vous posez en Judiths, et vous n’êtes que des Putiphars. Débarrassez-nous de vos serments ; vous aurez plus fait pour la Liberté que par l’exécution de trente dynasties.


3. — Le Serment et les partis Légitimiste et Républicain.


De tous nos orateurs assermentés, qui ne marchent pas avec le Pouvoir, le moins reprochable est sans contredit