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pratique et de juste-milieu, il s’est dit qu’il ne fallait point outrer les choses pas plus que les amoindrir ; que telle était de nos jours, et d’après tous les précédents à partir de 89, la signification du serment politique : 1o Reconnaissance du Gouvernement impérial, comme gouvernement de fait et de droit du pays ; 2o Promesse de ne rien dire ni faire qui pût en amener le renversement. D’où M. Thiers a cru pouvoir conclure que le plus sûr était de s’en tenir à cette interprétation suffisamment explicite ; qu’aller au-delà serait dépasser les bornes et accorder au Pouvoir plus que lui-même ne demandait ; que les meilleurs amis de l’Empire ne s’engageaient en réalité à rien de plus ; qu’à plus forte raison l’on ne pouvait exiger de M. Thiers, partisan du régime parlementaire et membre d’une opposition acceptée comme légale, qu’il se fît le champion d’un système politique qu’il n’approuvait pas, le garant d’une dynastie qu’il n’avait point cherchée ; d’autant moins qu’après tout le serment qu’on l’obligeait de prêter, par sa nature, par l’ensemble de nos constitutions, par toute notre histoire depuis 89, était réciproque ; de telle sorte que si le chef de l’État, par quelque faute grave, ainsi que nous en avons eu plus d’un exemple, venait à perdre sa couronne, il était de toute justice de l’en accuser lui-même, non les citoyens honorables qui, après l’avoir servi de leurs avertissements, de leurs protestations, de leur serment, se seraient tenus vis-à-vis de lui dans une attitude de réserve.

Voilà ce qu’a dû penser, en substance, M. Thiers ; ce que tout le monde dans l’Opposition pense comme lui. Et notez que je me garderai fort de rien opposer à ces allé-