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vailleurs des villes et ceux des campagnes (voir plus haut 1re partie, chap. ii), elle le devient également entre la Démocratie ouvrière et la classe moyenne : puissent-elles comprendre l’une et l’autre que leur salut est dans leur alliance !

Aussi bien, pouvons-nous dire que désormais, entre la bourgeoisie capitaliste-propriétaire-entrepreneur et gouvernement, et la Démocratie ouvrière, les rôles, à tous les points de vue, sont intervertis. Ce n’est plus celle-ci qu’il faut appeler la masse, la multitude, la vile multitude ; ce serait plutôt celle-là. Pris dans sa collectivité, le peuple des travailleurs n’est plus ce monceau de sable qui servait à Napoléon Ier à définir la société. Qu’est-ce que la société ? disait-il. Une administration, une police, des tribunaux, une église, une armée ; le reste de la poussière. Rudis indigestaque moles. Maintenant la plèbe travailleuse fait corps ; elle se sent, elle raisonne, elle vote sans conseil, hélas ! mais enfin elle vote avec une volonté qui lui est propre, et déjà elle développe son Idée. Ce qui ne pense pas, qui est retombé à l’état de tourbe et de masse indigeste, c’est la classe bourgeoise.

Tandis que le Peuple, sous l’impulsion d’une conscience énergique et grâce à la puissance d’une idée juste, se présente au monde avec la puissance et dans l’éclat d’une formation organique, revendiquant sa place aux conseils du Pays, offrant à la classe moyenne une alliance que celle-ci sera avant peu trop heureuse d’obtenir, nous voyons la haute Bourgeoisie, après avoir roulé de catastrophe politique en catastrophe politique, parvenue au dernier degré du vide intellectuel et moral, se résoudre en une masse qui n’a plus rien d’humain que l’égoïsme, chercher des sauveurs quand