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veille de résoudre toute aristocratie capitaliste et tout salariat dans une classe unique, celle que l’on a si justement appelée classe moyenne. À l’égalité des droits, à celle des partages, à la liberté de l’industrie il n’y avait qu’à ajouter l’impulsion toute puissante des institutions mutuellistes, et la révolution économique s’accomplissait sans secousse : l’Ordre, si cher à la bourgeoisie, n’eût pas été troublé un seul instant.

Depuis tantôt vingt-cinq ans, le pays a subi une influence et une direction contraires ; grâce à la législation sur les mines, au privilége de la Banque, surtout aux concessions de chemins de fer, la féodalité capitaliste et industrielle a pris décidément le dessus ; de sorte que la classe moyenne va s’éteignant de jour en jour, attaquée, de front par la hausse des salaires et le développement de la société anonyme ; sur les flancs par l’impôt et la concurrence étrangère ou libre-échange ; et remplacée finalement par le fonctionnarisme, la haute bourgeoisie et le salariat.

D’où est venue cette déchéance de la classe moyenne, déchéance qui traîne à sa suite celle de la nation et de la liberté ? Des théories économiques qu’elle a follement acceptées, de ce faux libéralisme par lequel elle n’a pas encore cessé de jurer, et qui lui a donné pour tout bien la centralisation administrative, la permanence des armées, le charlatanisme parlementaire, la concurrence anarchique, le parasitisme monopoleur, la hausse continue du loyer de l’argent et des capitaux, le cosmopolitisme du libre-échange, la cherté universelle, et par suite les coalitions ouvrières et les grèves. Mais il n’est si grand mal auquel on ne puisse trouver remède ; comme la cause est commune entre les tra-