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de plus en plus absorbant et oppressif ; l’anarchie économique s’est manifestée par un agiotage effréné, des coups de commerce inouïs, des spéculations de Bourse épouvantables, un enchérissement progressif et universel.

Le bourgeois fait de la banque, de l’industrie, de l’agriculture même, de l’extraction, de la navigation, de la commission, etc. ; mais en dehors de toute convention ayant pour but de diminuer les risques, d’écarter le hasard, de fixer les valeurs, ou du moins d’en empêcher les violents écarts, de balancer les avantages entre le vendeur et l’acheteur. Il a horreur de tout ce qui pourrait, en lui donnant une garantie, lui imposer une obligation ; il nie la solidarité économique, il répugne à la mutualité. Proposez au bourgeois de s’engager dans une opération selon les règles du mutuellisme, il vous répondra : Non, j’aime mieux rester libre. Libre de quoi ? De placer, le cas échéant, son argent à plus gros intérêt, au risque de n’en pas trouver le placement ou de le placer sur une hypothèque ruineuse ; de vendre ses marchandises à gros bénéfice, au risque de se voir contraint de les vendre à perte ; de surfaire ses produits, quitte à les avilir lui-même, s’il survient stagnation ou encombrement ; d’affermer ses terres à un taux exagéré, au risque de ruiner son fermier et de n’être pas payé ; libre, dis-je, de spéculer sur la hausse et sur la baisse, d’agioter, de jouer, de faire la loi aux autres, d’user et abuser du monopole, dût-il subir des conditions plus rudes encore, et, après avoir flagellé ses confrères, être victime de leurs représailles. Le bourgeois n’est pas pour les opérations certaines, dès lors qu’elles exigent de lui une certaine réciprocité. Il recherche l’aléatoire, pour peu qu’il y ait probabilité