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montré en effet que dans nombre de circonstances, l’initiative individuelle est impuissante à réaliser ce que donne sans effort, et à bien moindres frais, la coopération de tous. Là donc où l’action privée ne peut atteindre, il est juste, c’est un droit et un devoir d’employer la force collective, la mutualité. Il est absurde de sacrifier la richesse, la félicité publique à une liberté impuissante. Là est le principe, le but, la raison des institutions économiques. Tout ce que peut exécuter l’individu, en se soumettant à la loi de Justice, sera donc laissé à l’individualité ; tout ce qui dépasse la capacité d’une personne sera dans les attributions de la collectivité.

2. Je range dans la catégorie des fonctions ou institutions économiques les établissements de Charité, l’Instruction publique et l’Impôt. La nature des choses indique la raison de ce classement. L’extinction du paupérisme et le soulagement des misères humaines ont été regardés dans tous les temps comme les problèmes les plus ardus de la science. De même que l’indigence chez l’ouvrier, les misères sociales touchent aux sources vives de la production, et compromettent directement la félicité publique. Il est donc d’une science, d’une police exacte, d’enlever toute cette catégorie d’établissements à l’action et à l’influence du Pouvoir. — Il faut en dire autant de l’Impôt. À cet égard la Révolution de 89 et toutes les Constitutions qui en sont sorties, ont posé les vrais principes, en décidant que l’impôt, demandé par le Gouvernement, devait être consenti par la nation, et la répartition faite par les conseils généraux et municipalités. Ce n’est pas le Prince qui se paie lui-même ; c’est le Pays qui paie son mandataire : d’où