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quante-six minutes, juste au moment où les bureaux d’élection venaient d’achever leur recensement, finit à une heure seize minutes du matin. — Ainsi, disaient les loustics, le Despotisme s’éclipse devant la Liberté. La Démocratie a étendu sa large main, et l’ombre s’est faite sur l’astre du 2 Décembre… M. Pelletan, au style d’hiérophante, l’un des élus, aujourd’hui l’orateur le plus agaçant du Parlement aussi bien pour ceux qui le lisent que pour ceux qui l’écoutent, n’a pas manqué de tirer, dans une de ses brochures, cet augure menaçant. — Dites plutôt, répliquaient les déconfits, que c’est la raison parisienne qui est éclipsée. Ah ! vous recommencez vos farces de 1830 et 1848 ; eh bien ! il vous arrivera pis qu’en 1830 et 1848 !…

C’est ainsi que la vanité des mortels interprète, au gré de ses passions et de ses intérêts, les signes les plus innocents. Toujours nous mettons les dieux de moitié dans nos aventures et dans nos alarmes, puis, quand l’événement vient châtier nos illusions, nous accusons les dieux. Mais trêve de présages et de pronostics. Nous avons soif de vérité et de droit ; et ni la joie des opposants ni le regret des ministériels n’en contiennent goutte. Ce qui est sûr, abstraction faite de toute corrélation astrologique, c’est que, le 1er juin 1863, quelque chose en haut au ciel, et quelque chose en bas sur la terre, par 48 degrés 50 minutes de latitude nord et 0 de longitude, a souffert une éclipse. En haut nous savons que c’était la lune. En bas, quoi ? L’Empire, la démocratie, le système parlementaire, l’opposition, la bourgeoisie, le Socialisme, ou tout ce monde à la fois ? Nous l’apprendrons bientôt. Constatons, en attendant et pour rassurer tout le monde, que ni les empires, ni les démocraties,