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cratique révolutionnaire. Qu’on suive tel système que l’on voudra, on arrive toujours à cette conclusion, que l’âme d’une société politique c’est l’autorité, et que sa sanction est la force.

C’est ainsi, du reste, que se sont constitués, dans tous les temps, les États ; et c’est ainsi qu’ils se gouvernent et qu’ils vivent. Croit-on que ce soit par un acte de leur libre adhésion que les multitudes se sont formées en faisceau et ont fondé, sous la main d’un chef, ces unités puissantes, auxquelles le travail des révolutions ajoute si peu ? Non, ces agglomérations ont été l’œuvre de la nécessité servie par la force. Croit-on que ce soit de leur plein gré, par l’effet d’une persuasion mystérieuse, d’une conviction impossible à motiver, que ces masses se laissent conduire comme un troupeau, par une pensée étrangère, qui plane sur elles, et dont personne n’a le secret ? Non, encore : cette faculté de centralisation, à laquelle tout le monde se résigne bien qu’en murmurant, est aussi l’excuse de la nécessité, servie par la force. Il est absurde de regimber contre ces grandes lois, comme si nous pouvions les changer et nous faire, sur d’autres principes, une autre existence.

Que prétend donc le mutuellisme, et quelles sont les conséquences de cette doctrine, au point de vue du Gouvernement ? C’est de fonder un ordre de choses dans lequel le principe de la souveraineté du peuple, de l’homme et du citoyen serait appliqué au pied de la lettre ; où chaque membre de l’État, gardant son indépendance et continuant d’agir en souverain, se gouvernerait lui-même, pendant que l’autorité supérieure s’occuperait uniquement des affaires du groupe ; où, par conséquent, il y aurait certaines choses