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chercher la même faveur, solliciter des actions, c’est-à-dire racheter par une souscription volontaire une fois versée, le tribut payé par lui chaque année aux banquiers. Mais la République de février n’en était en 1848 qu’à la politique ; elle ne s’occupait ni de mutualité ni de gratuité ; satisfaite d’avoir mis une nouvelle machine en train, elle renonça à toute part dans les profits en faveur des actionnaires. Aujourd’hui l’État a retiré sa garantie, devenue inutile ; le capital du Comptoir, d’abord de 6,666,500 fr. pour la part à fournir par les actionnaires, a été porté à 20 millions, et les actions, de 500 fr. à l’origine, se cotent 980 fr. à la Bourse.

Quant aux avances à faire à l’agriculture et à l’industrie, comme elles se composent nécessairement de matières premières, d’instruments de travail, de bétail, de subsistances et de main-d’œuvre ; que par ces mots, crédit foncier, on n’entend aucunement des avances de terre, prés, champs, vignes, forêts, maisons ou autres immeubles, mais de simples prestations de travail et fournitures ; que le numéraire ne sert ici, comme dans le commerce, que de moyen d’échange ; que par conséquent les dites avances ne peuvent se prendre que dans l’épargne de la nation et que par conséquent l’unique mission du Crédit foncier est de faciliter, par son intermédiaire, aux emprunteurs les moyens d’y puiser ; qu’une semblable opération a bien plus le caractère d’une vente à terme que celui d’un prêt sur hypothèque, il est évident encore qu’ici la mutualité peut et doit recevoir une de ses plus belles applications, puisqu’il ne s’agit que de donner forme et pratique à ce qui, au fond, est déjà la réalité, savoir, que les vrais prêteurs sont les producteurs ; que la matière du prêt n’est pas de l’argent, mais des matières premières, des