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dessus ou au dessous d’un point conventionnel et fixe que nous appellerons sens commun ; pour la force, de convenir encore d’une unité métrique, soit la force de cheval, et de compter ensuite de combien d’unités et de fractions d’unité de force chacun de nous est capable.

Comme, dans le thermomètre, nous aurons donc, pour l’intelligence et pour la force, des extrêmes et une moyenne. La moyenne est le point dont se rapprochera le plus grand nombre de sujets ; ceux qui s’élèveront ou descendront aux extrêmes seront les plus rares. J’ai dit tout à l’heure que l’écart entre ces extrêmes était assez faible : en effet, un homme qui réunit en lui la force de deux ou trois hommes moyens est un hercule ; celui qui aurait de l’esprit comme quatre serait un demi-dieu. À ces limites imposées au développement des facultés humaines s’ajoutent les conditions de la vie et de la nature. La durée maximum de l’existence est de soixante-dix à quatre-vingts ans, sur laquelle il faut déduire une période d’enfance, une d’éducation, une de retraite et décrépitude. Pour tous la journée a vingt-quatre heures, dont, selon les circonstances, neuf à dix-huit peuvent être données au travail. De même, chaque semaine a un jour de repos ; et bien que l’année soit de trois cent soixante-cinq jours, on ne peut guère compter que sur trois cents donnés au travail. On voit que si les facultés industrielles sont inégales, cette inégalité n’empêchera pas l’ensemble d’être sensiblement de niveau : c’est comme une moisson dont tous les épis sont inégaux, et qui n’en est pas moins comme une plaine unie, étendue à l’horizon.

D’après ces considérations, nous pouvons définir la jour-