Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout caractère généreux, que certains négociants et fabricants se refusent au débat de l’offre et de la demande, ne pouvant ni se résoudre à mentir ni supporter qu’on essaie de les tromper, ou que par un rabais exagéré on les accuse de surfaire ; ils vendent à prix fixe : c’est à prendre ou à laisser. Qu’un enfant se présente ou un homme fait, ils seront traités de la même manière : le prix fixe protège, chez eux, tout le monde.

Il est certain que la vente à prix fixe suppose plus de bonne foi, présente plus de dignité que la vente à marchandage. Supposez que tous négociants et producteurs en usassent de même, nous aurions, dans l’offre et la demande, la mutualité. Sans doute celui qui vend à prix fixe a pu se tromper sur la valeur de la marchandise ; mais remarquez qu’il est retenu, d’un côté par la concurrence, de l’autre, par la liberté éclairée des acheteurs. Aucune marchandise ne se vend bien longtemps au-dessus de son juste prix : si le contraire a lieu, c’est que, par une cause quelconque, le consommateur n’est pas libre. La morale publique et la régularité des transactions gagneraient donc à ce qu’il en fût ainsi ; les affaires seraient meilleures pour tout le monde. Et sait-on ce qui s’ensuivrait d’un pareil principe ? Sans doute il se ferait moins de si grosses et de si rapides fortunes ; mais il y aurait aussi moins de faillites et de banqueroutes, moins de ruines et de désespoirs. Un pays où les choses ne se donneraient que pour ce qu’elles valent, sans recherche d’agio, aurait résolu le double problème de la valeur et de l’égalité.

Je ne crains donc pas de le dire : Ici comme en ce qui concerne l’assurance, la conscience publique réclame une