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LE COUPLE AU JARDIN


VIII

LE CAMPEUR


Depuis trois quarts d’heure, un homme, tenant par la main un petit garçon, arpentait d’un bout à l’autre le chemin raboteux de Saint-Pierre-d’Almanarre. Âgé d’une trentaine d’années, bâti en athlète, il avait un visage aux traits fins, d’une extrême mobilité. Une tristesse profonde éteignait le regard et un tic du coin de la bouche trahissait la nervosité. Un observateur eût remarqué que ce jeune homme d’allure élégante ne semblait pas habillé selon sa condition sociale : les chaussures étaient fatiguées, le veston ciré par un trop long usage et les mains, belles et soignées, sortaient de manches dépourvues de manchettes.

Le bambin, qui allait sautillant au côté du promeneur, pouvait avoir six ans. Il ressemblait à son père ; la petite figure avait une singulière intensité d’expression, mais elle était pâlotte et maladive.