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LE COUPLE AU JARDIN

— Le pouls est un peu meilleur, dit-il ; on va pouvoir faire une prise de sang.

Le docteur Jollier émit l’avis de transporter le malade dans une clinique. Nérée demanda :

— Que diriez-vous de l’hôpital hélio-marin de Sylvabelle, qui se trouve à dix minutes de chez moi ? Est-ce trop loin d’ici pour que vous puissiez y voir le malade ?

— Il n’aura pas besoin de nous. Il sera là-bas dans des conditions parfaites et admirablement soigné. Mais vous pensez bien que j’irai le voir tous les jours, ne fût-ce qu’à titre d’ami.

Dans la soirée, une voiture d’ambulance transporta Marc Ellinor vers les beaux ombrages de Sylvabelle. Grâce aux piqûres hypodermiques, le cœur battait moins faiblement ; mais le malade demeurait dans un état de prostration totale.

Blanche avait résolu de s’installer à l’hôpital auprès de son père. Malgré son affreuse inquiétude, après le désarroi de la première heure, la jeune femme se montrait maintenant ferme et calme. Pourtant, au moment de quitter sa maison, où elle était venue prendre quelques objets indispensables, elle se jeta, comme une enfant épouvantée, dans les bras de son mari :

— Nérée, Nérée, protège-moi contre le malheur ! Aide-moi à être forte, aide-moi !… Vois-tu, je ne t’ai jamais dit combien j’aime mon père !

En serrant contre sa poitrine la chère tête éplorée, le mari songeait : « Et combien faut-il qu’elle m’aime pour avoir bravé la volonté de ce père et accepté la douloureuse rupture ! »

Le lendemain soir, à l’hôpital, deux médecins s’en-