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LE COUPLE AU JARDIN

— Sans doute… mais si la petite villa est habitée, nous ne serons plus tout à fait chez nous.

— Voyons ! la petite villa est à cent mètres de la nôtre.

Blanche avait fait la moue :

— Cent mètres, ce n’est pas loin ! dit-elle. Et quand nous nous promènerons, le soir, s’il m’arrive, par hasard, d’embrasser mon mari, un œil envieux nous épiera au travers des feuillages !

Mme Galliane sourit, amusée :

— « S’il m’arrive, par hasard… » est d’une modération que j’admire ! Vous êtes deux sauvages. Du temps de mon cher mari, le domaine Pomponiana jouissait d’une réputation d’hospitalité que vous allez lui faire perdre. Sans compter que les meubles et les tentures de la villa toujours fermée finiront pas être mangés des vers.

— Mère, si tu y tiens…

— Moi ? Est-ce que je fais jamais autre chose que vos quatre volontés ? Décidez.

— Eh bien ! on fera ce qui plaira à Blanche.

— Hou ! s’écria la jeune femme, le grand lâche qui ne veut pas prendre ses responsabilités ! Moi, je déclare que je m’en lave les mains.

Nérée tira de son gousset une pièce d’argent :

— C’est le hasard qui tranchera la question : côté face signifiera oui ; côté pile, la madame ira au diable.

Il jeta la pièce qui retomba côté face. Mme Galliane applaudit malicieusement et tous trois acceptèrent en riant la décision de l’oracle.


La nouvelle locataire s’installa le surlendemain. Elle s’appelait Diane Horsel — c’était peut-être un pseu-