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YVETTE PROST

ter ? Non, c’est plutôt par désir de caresses. Quand papa vous porte, on serre son cou dans ses petits bras, on ébouriffe ses cheveux noirs, on frotte sa joue contre la sienne. Pomme trouve tout cela très bon et Nérée en est enivré. L’exaltation du sentiment paternel lui dilate le cœur ineffablement.

Un après-midi, Pomme, le nez écrasé sur la vitre de la véranda, regarde tomber la pluie. Pomme adore la pluie — peu fréquente sur Pomponiana. La pluie, c’est joli, ça chante, ça sent bon et ça fait plaisir aux roses et aux orangers.

— Maman, Pomme voudrait aller au zadin.

— Non, Pomme, tu te mouillerais.

— Pomme aime bien se mouiller.

— Non, reste là et joue gentiment.

Pomme n’est pas satisfait. Maman permet bien à papa de sortir sous la pluie tant qu’il lui plaît. C’est que papa est un personnage considérable ; le signe de son importance, c’est le mot de « monsieur » qu’emploient les ouvriers en lui parlant… Un obscur travail se fait dans le petit cerveau ; tout à coup, Pomme se retourne et prononce avec une autorité impayable :

Monsieur Pomme veut aller se mouiller.

Trois éclats de rire ont accueilli cet impératif catégorique. Alors, le père, le tendre père a enveloppé son fils dans son petit capuchon, l’a pris sur son bras et, sans que les petits pieds se posent sur le sable humide, a promené « Monsieur Pomme » sous la pluie, la douce pluie qui chante et qui sent bon…


Lorsque quelques bons amis viennent passer la soirée chez les Galliane, Pomme fait leur joie et Blanche ne parvient pas sans peine à l’emporter au lit.