Page:Prost - Le couple au jardin, 1947.pdf/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
LE COUPLE AU JARDIN

belles choses !… Et les hommes, si grands et si forts, qui travaillent dans les cultures sont à la dévotion de Pomme. Labarre abandonne volontiers son outil pour jouer avec l’enfant et il avoue :

— Ce gosse me ferait tourner en bourrique !

Ramillien approuve :

— Tu n’aurais pas à faire un grand effort.

Le farouche Carini lui-même se déride lorsqu’il voit le petit enfant accourir à sa rencontre en criant :

— Nini ! Nini ! à çeval !

Délicatement, l’homme le soulève de terre et l’assied sur le dos débonnaire de Rouan.

Ah ! quelle merveilleuse destinée qu’être le petit roi de Pomponiana !

Pendant ces journées encore fraîches de l’avant-printemps, Pomme porte un petit paletot de molleton rouge afin d’être aperçu de loin par les tendres yeux qui le cherchent. De quart d’heure en quart d’heure, Blanche s’avance sur la terrasse et contemple les ébats du coquelicot turbulent. Et Nérée, au milieu de sa vigne, ou occupé à soigner ses arbres, s’arrête souvent, le regard fixé sur la petite note rouge folâtrant parmi les verdures.

Dès que papa surgit au détour d’une allée, le bambin se précipite avec des cris de joie et met sa menotte dans la grande main paternelle. Nérée n’est pas encore blasé sur l’émotion que lui cause cette petite main confiante blottie dans la sienne.

Au bout de quelques pas, Pomme demande :

— Au cou, papa !

Le jeune père se penche, prend son fils sur son bras. Est-ce par fatigue que Pomme veut se faire por-