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LE COUPLE AU JARDIN

tre votre personne et je vous assure, Monsieur, de ma parfaite estime.

Dr Ellinor. »

Le soir même, Nérée, bouleversé, arrivait au Mourillon, mettait la lettre sous les yeux de Me Vallerix.

— J’en reste stupide, déclara l’avocat. Ellinor, qui ne vous a jamais vu, ne peut rien avoir contre vous ; du reste, il vous le dit… Pourquoi cette opposition ?… Je ne vous cache pas, cher ami, que le docteur Ellinor est un homme admirable, mais de caractère difficile : ma femme l’appelle « le porc-épic sublime ». Blanche a refusé les plus beaux partis de Toulon ; son père tenait peut-être à l’un de ces prétendants ?… Mais, en vérité, nous ne pouvons faire que des suppositions.

— Pensez-vous que je doive perdre tout espoir ?

— Je le crains. Ellinor n’est pas homme à revenir sur un refus ; et Blanche s’inclinera devant la volonté de son père, aussi cruel que lui soit le sacrifice.

Nérée passa deux jours et deux nuits lamentables, se contraignant à d’héroïques efforts pour ménager sa pauvre mère.

Puis vint un billet de Mme Vallerix :

« Venez dîner demain soir avec nous : Mlle Ellinor désire vous rencontrer. »

Il fut le premier au rendez-vous, dans un état nerveux indescriptible, se défendant de toute lueur d’espoir : si Blanche avait voulu le revoir, c’était pour lui dire ses regrets et l’exhorter à la résignation.

Lorsque la jeune fille entra, il fut frappé de son