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YVETTE PROST

fois, s’il y a une pension à payer, bien entendu, je paierai.

— Il n’y aura rien à payer, monsieur, répondit Galliane en se levant.

Le docteur l’arrêta d’un geste :

— Un instant encore, je vous prie. C’est moi, maintenant, qui dois vous faire une demande. Vous venez d’avoir une révélation très pénible, et croyez que j’apprécie votre attitude. Mais il serait cruel que vos rapports avec votre femme puissent être modifiés, aussi peu que ce soit. Vous comprenez, n’est-ce pas, pourquoi je refusai mon consentement à votre mariage. Lorsque Blanche me soumit ce projet, je le jugeai presque criminel. Ma fille, sachant que vous ne l’épouseriez jamais en connaissance de cause, ne reculait pas devant un parti audacieux qui soulevait ma conscience. Je fus impuissant à la convaincre : déjà, entre vous et moi, elle ne balançait plus ! Ma rancune fut sévère ; je jugeais Blanche presque aussi coupable que Claude ; j’étais résolu à ne lui pardonner jamais. Eh bien ! lorsque je vous ai vus tous les deux, j’ai pensé que ma fille avait eu raison.

Nérée, le cœur étreint, répondit sourdement :

— Votre fils, tout à l’heure, oubliant sa propre cause, plaidait auprès de moi celle de sa sœur. Mais ne comprenez-vous pas que ce serait une chose invraisemblable et folle qu’on eût besoin de défendre Blanche devant moi ?

Ils étaient debout tous les deux. Ellinor accompagna son gendre jusqu’à la porte du vestibule et Nérée s’éloigna après s’être excusé. Pendant qu’il traversait la cour, il sentait que le docteur avait les yeux sur lui. Arrivé au portail extérieur, il se retourna : son beau-