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LE COUPLE AU JARDIN


II

LE PAS LÉGER DES HEURES


Allègrement, la robe claire de Blanche circulait dans les grandes salles pleines de soleil. En attendant le réveil de son enfant, la jeune femme mettait en ordre sa chambre et la salle de bain d’une netteté étincelante ; elle vérifiait l’état des vêtements de Nérée et rangeait avec soin le linge dans l’armoire ancienne tout imprégnée des parfums de soixante étés.

Naguère, lorsqu’elle était encore Mlle Ellinor et dirigeait, à Toulon, la maison de son père, veuf, Blanche ignorait ou méprisait de telles occupations. Très cultivée, elle se sentait plus attirée par les spéculations de l’esprit que par les soucis ménagers, confiés à Victorine, gouvernante experte. Lorsque le docteur Ellinor recevait quelques amis à dîner, — c’étaient toujours des dîners d’hommes — sa fille présidait ces repas avec une gravité de jeune muse ;