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LE COUPLE AU JARDIN

que ce fermoir n’avait aucun besoin d’être confié au bijoutier.

De nouveau, le mari de Blanche éprouva une sensation d’étouffement. L’atmosphère, autour de lui, s’empoisonnait de doutes informulables, de craintes obscures. Il fallait en finir. Il fallait, par une explication sincère, dissiper ces nuages avant qu’ils ne prissent une consistance redoutable.

Une explication ?… Combien ce serait chose délicate avec Blanche, cette sensitive à la fierté ombrageuse ! Quelle regrettable maladresse s’il allait se donner l’air d’un mari soupçonneux ! Leur amour, qu’ils avaient placé si haut, ne suffirait-il pas du moindre effleurement pour le blesser d’une fêlure irréparable ?

Ces pensées furent interrompues par l’apparition de la plus coquette robe sortie en ce mois de mai des magasins d’Hyères. Mme Horsel, fraîche et pimpante, venait demander l’avis de Galliane sur un chapitre du livre qu’elle voulait consacrer à Pomponiana.

Nérée, désireux de faire oublier à sa locataire les mauvais procédés de ses ouvriers, l’accueillit avec une courtoisie souriante et lut avec intérêt les pages qu’on lui soumettait. Cette évocation historique poétisée ne manquait ni d’art ni de charme et nul n’aurait pu la goûter mieux que le maître du domaine Foniponiana. Il en fit un éloge discret mais exact qui jeta l’auteur dans le ravissement. Et l’entretien se prolongea.

Lorsque Nérée fut libre, il fit quelques pas hors de la maison et s’arrêta, indécis, au haut de l’avenue des palmiers : irait-il à Toulon chercher sa femme ?…

Ramillien passait en détournant les yeux, l’air gêné. Le patron le regarda avec attention, puis l’interpella :