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LE COUPLE AU JARDIN

prévue : on entendit des cris de femme et, presque aussitôt, on vit surgir Mme Horsel dans le plus insolite désordre : elle ruisselait de la tête aux pieds, ses cheveux collés sur sa figure, sa robe dégommée plaquée sur elle. Elle courait, s’ébrouant comme un chien mouillé et laissant sur le sable un sillage humide.

— Monsieur, cria-t-elle dans un paroxysme de fureur, voyez en quel état m’ont mise vos ouvriers ! Ils m’ont injuriée, maltraitée, bafouée ! Monsieur, laisserez-vous, chez vous, insulter une femme ?

Les mots s’entrechoquaient sur ses lèvres tremblantes ; elle se mit à pleurer à grands sanglots, comme une enfant battue.

Galliane s’était levé, la face empourprée :

— Madame, dit-il, soyez sûre que les coupables seront traités de façon exemplaire. Mais le plus urgent pour vous est d’aller changer de vêtements : vous risquez de prendre mal.

— C’est vrai, fit-elle, un peu calmée… Mon Dieu ! je dois être ridicule.

Et, aussi brusquement qu’elle était apparue, elle reprit en courant le chemin de sa maison.

Nérée, stupéfait de l’incident et vivement irrité, se tourna vers sa mère et sa femme : cette dernière ne parvenait pas à étouffer un rire fou, incoercible. Elle riait avec la même violence, peut-être, qu’elle eût pleuré, incapable de se dominer.

— Vraiment, fit le mari, je ne vois pas qu’il y ait lieu de rire. Cette incartade, de la part de mes hommes, est presque incroyable.

Et Blanche, pantelante, à force de rire :

— Tes hommes, ils ont bien fait, bien fait ! Cette douche guérira peut-être la belle d’aller exercer ses sé-