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LE COUPLE AU JARDIN

demanderait à voir son beau-père, lui confierait ses inquiétudes.

Il était à peine quatre heures lorsqu’il sonna à la porte du docteur Ellinor. Victorine s’étonna :

— Mais, monsieur, Mme Blanche doit être de retour chez vous. Elle est venue embrasser son père et ne s’est pas même assise ; elle est repartie aussitôt.

— Puis-je voir le docteur ?

— Monsieur a fini ses consultations il y a une demi-heure et il est parti en tournée.

Galliane se retira, fâché d’avoir perdu son temps, fâché de ne pouvoir emmener Blanche. Sans doute avait-elle quelques courses à faire à Toulon, il la retrouverait à la maison.

Blanche n’était pas rentrée. Il était plus de sept heures lorsqu’elle revint enfin. En la voyant s’engager dans l’avenue, son mari alla au-devant d’elle :

— D’où viens-tu si tard, mon petit ?

— Mais… de chez mon père.

— Tu y es donc retournée après mon passage ?

— Ton passage ?

— Oui ; j’ai sonné à quatre heures à la porte de ton père. Victorine m’a dit que tu n’avais fait qu’une apparition ; qu’es-tu donc devenue pendant tout cet après-midi ?

Ces questions posées tendrement ne ressemblaient en rien à l’interrogatoire d’un mari soupçonneux : pourquoi le fin visage fatigué fut-il envahi d’une rougeur brûlante ?

Nérée, bouleversée, détourna son regard, prit le bras de sa femme et fit quelques pas en silence.

Blanche, qui s’était ressaisie, se mit à parler trop vite, d’un ton faussement désinvolte :