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lettres. Il fallait bien d’ailleurs que l’on ne crût pas pouvoir douter de l’authenticité de la réponse et du billet qu’elle renferme, puisqu’il n’y eut pas de protestation directe pour un fait, qui, s’il eût été vrai, aurait soulevé toutes les colères. Le P. Daniel n’est pas fort affirmatif quand il veut révoquer en doute l’authenticité des deux billets, et Racine qui eut le triste courage de se montrer ingrat envers Port-Royal, à une époque où la reconnaissance pouvait avoir quelque mérite, n’ose pas même tenter une insinuation.

De nos jours, M. Sainte-Beuve, après avoir affirmé à plusieurs reprises que les deux billets sont supposés, reconnaît dans deux articles récents, qu’ils sont l’œuvre de personnages réels. Ainsi, sans entrer dans l’ordre de preuves qui ressort de la contexture des deux billets eux-mêmes, et des inductions à tirer de leur style, on peut conclure que l’opinion généralement admise est en faveur de leur authenticité. Ils ne sont pas évidemment de Pascal ; ils ne sont pas tous les deux de la même main. L’impression qui ressort de leur lecture, comme l’examen des détails, permet de conclure que si, en publiant la réponse aux deux premières Provinciales, Port-Royal a été heureux de constater le succès qu’elles avaient eu dans le monde, il ne s’est pas oublié jusqu’à se louer lui-même.

Mais de qui sont les deux billets ? Il importerait assez peu de le savoir, si la solution de cette question n’entraînait naturellement celle de la première. Il n’y a pas, et il ne peut pas y avoir de preuve définitive. Cependant, M. Flottes arrive à un résultat qui, s’il n’est pas positivement vrai, a du moins tous les caractères d’une grande vraisemblance.

Quel est l’académicien désigné par le billet ? On hésite entre Chapelain et Gomberville. Il est désigné, il est vrai, en des termes qui devraient éloigner de ces deux noms, car le billet le signale comme un de Messieurs de l’académie, des plus illustres entre ces hommes tous illustres. D’après nos opinions sur cette époque (1655) il nous serait bien difficile d’appliquer une pareille