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produiraient une inévitable élévation de l’intérêt, immédiatement après la restauration du régime de l’argent marchandise.

D’un autre côté, l’argent serait soumis à la loi de l’offre et de la demande ; et le peu de rapport qui existe entre le nombre des emprunteurs et celui des capitalistes, ne laisserait aucun moyen d’échapper à l’élévation subite et exagérée de l’intérêt. On comprend dès lors les conséquences de cette situation en matière civile, comme en matière commerciale.

En matière civile, les emprunts constituent presque toujours de véritables dettes de nécessité ; et il est rare que celui qui s’abandonne à cette périlleuse pente, ne soit pas irrésistiblement conduit à sa complète ruine, quoiqu’il ait obtenu des capitaux à 5 p. %, s’il ne possède que des immeubles, et s’il persiste à les conserver. Quelle perspective, si le taux de l’intérêt était supérieur à celui que détermine actuellement la loi !

Pour l’industrie, l’argent est l’instrument du travail ; et il n’est pas admissible que l’instrument ait une valeur supérieure aux profits du travail. Le jour où se produira cette anomalie, les commerçants prudents s’arrêteront et condamneront ainsi, la plus grande partie du capital à une préjudiciable inaction.

C’est à ce résultat qu’a dû aboutir la crise que la France vient de traverser. Cette crise ne peut pas être attribuée aux principes restrictifs de la loi de 1807, car elle a pris naissance en Angleterre et aux États-Unis, où la liberté des transactions en matière de prêt à intérêt, est respectée par les lois.

Ainsi, l’admission des principes de la science économique entraînerait l’élévation de l’intérêt ; et cette élévation jetterait dans les affaires industrielles et commerciales, une perturbation qui aurait pour résultat nécessaire de diminuer la production.