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En 1822 parut à Castres une modeste feuille d’annonces judiciaires. Ce fut l’occasion, pour plusieurs de nous, d’écrire sur divers sujets tout-à-fait étrangers à la politique. Magloire Nayral déposa là ses premières compositions. Quelques articles de lui sur les versificateurs du dernier siècle, et sur Mme  Balard qui venait de mourir, furent principalement remarqués. On y reconnut bien vite les qualités de sa plume facile, consciencieuse, et de son talent éminemment explorateur.

Sur ce terrain, il se rencontra avec un homme qui fut le pourvoyeur pour ainsi dire de ses explorations, et lui fit obtenir en 1829 le diplôme de membre correspondant d’une société philotechnique ; il se nommait Auguste de Labouïsse ; il habitait Castelnaudary ; il possédait une bibliothèque de dix mille volumes, composée principalement des vieux écrivains français et méridionaux. Magloire Nayral puisa là en toute liberté, et de manière à se ménager une ample provision de documents pour un livre, dont la pensée première lui fut inspirée par les travaux de critique auxquels nous nous livrions alors.

Le pays Castrais venait d’enfanter un historien. M. Marturé, avocat, avait trouvé dans la bibliothèque de son père les mémoires manuscrits de Gaches et de Madiane. C’était l’histoire de notre ville de 1555 à 1629. M. Marturé crut la rendre complète en y ajoutant au commencement une analyse de l’ouvrage de Dom Vaissette, en ce qui concerne cette partie de l’ancienne province du Languedoc, et en la terminant par de longues phrases contre le fanatisme, à propos du célèbre procès de Sirven.

La petite feuille d’annonces judiciaires de la ville de Castres s’attaqua la première à cette production ; il ne lui fut nullement difficile de démontrer combien elle était peu instructive, peu exacte, peu recommandable par le style ; en même temps le critique indiquait d’autres sources très-abondantes, auxquelles un annaliste Castrais pourrait puiser dans le but d’être à la fois patriotique et impartial.