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ont livré à une faible créature des secrets féconds que la nature semblait s’être attachée à soustraire à tous les regards. Ajoutons aux résultats obtenus, tous ceux qui semblent préparés, et ceux encore qui paraissent des rêves, mais que rend possibles un travail secret. Certes, nous nous offrirons à nous-mêmes un beau spectacle, et il nous semblera qu’il n’y ait plus qu’un mot à chercher, pour distinguer l’époque où nous vivons, de ces siècles fameux auxquels le nom de grands a suffi.

Et pourtant tout cela n’est qu’un danger. Lorsque toutes les forces de ce grand corps qu’on appelle l’humanité, ou de cette fraction qui a sa vie à part, comme nation, mais qui se rattache à la société universelle par des liens étroits, sont exclusivement dirigées sur un même point, il en résulte une perturbation, car l’équilibre n’existe plus. Les conditions des êtres sont changées : il n’y a plus ni ordre ni harmonie. Il faut alors s’attendre à des luttes violentes, à des bouleversements terribles qui rétablissent l’ordre après de longues épreuves, quand ils n’entraînent pas une décadence successive, ou une rapide dissolution. L’histoire avec ses enseignements, ne laisse aucun doute à cet égard. Or, nous sommes dans une époque où les progrès matériels ont été si merveilleux que la société a dû être en proie au vertige : elle a été si profondément éprouvée, par les résultats même auxquels elle est parvenue, que les esprits sages ont dû craindre les effets de cette manifestation extraordinaire de puissance et de fécondité ; et il faut que chacun veille pour neutraliser, par un contre-poids, ce que leur action pourrait avoir d’excessif.

Il n’appartient à personne de réclamer cette tâche d’une manière exclusive. Il est honorable pour chacun d’en prendre sa part et de travailler à une œuvre commune. Par les concours qu’elles ouvrent, aussi bien que par l’exemple et l’impulsion qu’elles donnent, les Sociétés croient accomplir ce devoir. Elles font appel à l’émula-