Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 316 —

soldats de César. L’ancien Chapître de St-Benoît, survivant par la porte de son vieux clocher, veuf à jamais de son église, a semé partout sur notre sol, outre ce monument de la période lombarde, des chapiteaux ornés, des médailles monétaires, des ossements illustres, fragments qui peuvent servir à reconstruire des cathédrales, rectifier de grands faits historiques, réhabiliter de glorieuses mémoires. Les guerres religieuses elles-mêmes, formant une période de soixante-quatorze ans, qui semblait avoir pour mission de détruire tour-à-tour les traces ou les souvenirs des deux partis qui s’entregorgeaient, ont été impuissantes à annuler les événements du passé, dans leur reproduction éparpillée, la seule qui demeure après les bouleversements des empires, comme après les cataclysmes du globe. Témoin, la chambre transformée depuis quelques jours seulement, où Henri de Bourbon, roi de Navarre, peu de temps après roi de France, vint reposer sa tête, pendant son séjour dans cette ville ; témoins encore les restes des habitations construites par les dignitaires de la Chambre de l’Édit, ou honorées par la résidence momentanée d’hommes qui, comme le célèbre Fermat, sont morts ici dans l’exercice de la magistrature ; témoins enfin le palais des anciens évêques, les hôtels des gens de guerre partis simples soldats et devenus généralissimes des armées de la Grande Bretagne, les maisons plus modestes de Pellisson, de Dacier, de Borel, de Rapin de Thoyras, d’Alexandre Morus, noms fameux parmi les fameux du siècle de Louis XIV ; témoin en un mot, tout ce qui se rattache de près ou de loin à la vie castraise de nos plus brillantes illustrations.

Vous le voyez, Messieurs, nous sommes riches, très-riches ; mais riches à la manière de ceux pour qui la fortune naît du travail, se grossit par la persévérance, se moralise par l’économie, se distribue, en se conservant, par l’ordre en toutes choses. Invoquer la sainteté du travail, donner appui à la persévérance, indiquer des règles à l’économie, s’exciter par le désir de transmettre en