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génération actuelle, avec ses goûts voyageurs, ses tendances cosmopolites, son besoin naturel de changer de place, de goût, d’occupation. L’art lui-même cède à de nouveaux instincts ; il devient métier ; il calcule le revient de ses lignes vendues en feuilleton, de ses coups de pinceau jetés sur une enseigne, de ses notes imprimées ou lancées en l’air ; il abjure la tradition ; il ne croit plus à son influence morale ; il dédaigne de l’exercer ; il sait qu’autour de lui n’existent que des juges incompétents, des esprits blasés ; et que ses efforts, pour si généreux qu’on les suppose, iraient se perdre dans un milieu réfractaire à tout sentiment noble et magnanime.

L’objection vous le voyez, Messieurs, était puissante. Nous n’avons pas moins essayé de la combattre. Vos actes et les nôtres sont là pour prouver à tous de quel côté s’est rangée la raison.

Le pays, disait-on, ne possède pas des éléments suffisants en hommes, en choses, en débris, pour fournir à la constitution d’une Société littéraire et scientifique. Eh bien ! le premier jour, le nombre fixé à trente membres fondateurs s’est trouvé atteint. À mesure que des vides se sont montrés dans ce personnel, soit pour fait de déplacement, soit pour cause de mort, vous avez pu immédiatement les combler.

En même temps, à côté de nous, se sont révélés des versificateurs, des naturalistes, des mathématiciens, des philologues, des physiologistes, des biographes, cherchant à s’associer à nos recherches, afin de les compléter ou de les étendre : pépinière déjà nombreuse de sujets propres à remplacer ceux de nous que le sort frappera, en nous laissant d’avance la consolation de dignes successeurs !

Quant aux choses qui devaient tant nous manquer, nous avons trouvé une mine bien loin d’être épuisée, d’abord dans l’histoire de l’idiôme local ; histoire à peine commen-