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tiques, établies par l’expérience ou par les témoignages historiques, sont plus généralement adoptées, et trouvent moins de contradicteurs que les principes de la géométrie. Des philosophes ont combattu les principes géométriques : mais personne n’a jamais refusé de croire des faits dont la certitude est fondée sur des principes moraux. Si la vérité de ces principes est incontestable, les conséquences qui en dérivent le sont également. La connaissance des choses entre dans nos esprits par deux voies : les sens et la raison sont la première ; la foi est la seconde. La première est obscure, douteuse. La seconde est vive, incontestable. Il faut donc reconnaître la nécessité de la foi, et l’obligation de lui donner la priorité sur la raison.

La démonstration évangélique obtint d’illustres suffrages. Elle fut vivement attaquée. Elle a été au dix-huitième siècle et de nos jours l’occasion d’ardentes polémiques. On peut dire que quoique Huet déclare la raison obscure, douteuse, il reconnaît qu’il y a des principes connus de tous, et perçus sans aucun doute. Ces principes sont les preuves morales sur lesquelles repose sa démonstration.

La Censure de la philosophie Cartésienne est divisée en huit chapitres. La philosophie qui est l’ouvrage de l’esprit humain, doit être soumise à la foi qui vient de Dieu, et Descartes veut qu’on s’en rapporte à sa philosophie. Tel est le point de départ des reproches adressés par Huet à Descartes. Il examine dans une longue discussion, le doute, la proposition : je pense, donc je suis, les règles pour connaître la vérité, les idées, l’existence de Dieu, les corps et le vide, l’origine du monde, la gravité des corps terrestres, l’évidence et la foi.

Si des reproches fondés peuvent être adressés à Descartes, il ne faut pas oublier qu’il est le restaurateur de la philosophie en France, qu’il a donné à la science de l’homme une base solide, en la plaçant dans la conscience de nos actes intérieurs, et dans le sentiment de notre