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Cette même époque apporte une modification importante dans Castres. Les prénoms se redoublent : ainsi Jean-Jacques, Jean-Baptiste, Jean-Louis, Jean-Joseph, se présentent souvent et se transmettent.

Les dix années qui précèdent la Révolution, se ressentent de l’influence philosophique. C’est la confusion partout. La France se laisse aller à ce mouvement sans savoir où il doit la conduire. La fantaisie, la flatterie, la mode, un livre, une pièce de théâtre, donnent des noms aux familles des riches bourgeois. Le peuple reste toujours fidèle à l’église, et continue à prendre ses patrons parmi les saints qu’il honore.

Pendant la Révolution, les mœurs de Castres résistent aux tentatives de domination du calendrier républicain. On trouve sans doute 1 Brutus, 1 Jemmapes, 1 Marat, 1 la loi, 1 unité, 3 liberté, 2 égalité, 1 romarin ; mais ce sont des exceptions.

Sous le Directoire, l’espérance semble se manifester par les prénoms : en 1800, c’est le sentiment guerrier ; puis le mouvement littéraire, qui subit des phases diverses. Sous l’empire on trouve le retour à la mythologie, puis la domination des noms Ossianiques, que la traduction de Baour-Lormian venait de jeter dans notre littérature.

La Restauration voit surgir deux courants opposés. D’un côté, se relèvent les prénoms du moyen-âge, de l’autre, ceux que la philosophie et le théâtre tragique du XVIIIe siècle mettent à la mode. Depuis cette époque jusqu’à nos jours, c’est une confusion générale, sous laquelle on peut bien reconnaître certaines influences du moment ; mais rien ne se rattache à une idée d’ensemble, rien n’accuse la domination puissante d’une pensée, d’un sentiment, d’un principe. C’est la dernière preuve, et peut-être la plus éclatante et la plus décisive, de la vérité de cette pensée qui se dégage de toutes les parties du travail de M. Combes : Les prénoms sont la manifestation vraie de