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le passé, et leur long ascendant sur le monde. Lorsque les élèves sont arrivés à la limite qui sépare la grammaire des lettres, une haute raison a voulu que le rapprochement fut plus direct et la comparaison plus étroite. C’est en effet au moment où l’on est appelé à se servir des matériaux recueillis, qu’il importe d’en bien connaître la valeur et d’en discerner l’utilité. Avant d’écrire, il faut que la langue soit devenue un instrument docile, et que l’on puisse la plier à toutes les exigences de la pensée, à toutes les délicatesses du sentiment, à tous les caprices de l’imagination. L’esprit a besoin d’une dernière épreuve qui lui révèle toute sa force.

C’est dans ce but, et pour répondre aux exigences du plan d’études, que M. Darolles a fait son livre. On sent que ce n’est pas une œuvre de circonstance, et que, s’il l’a publiée à un moment opportun, il l’a longtemps méditée et soumise à l’épreuve journalière de l’application. Un pareil livre n’est bon que dans ces conditions. Qu’importe une longue méditation sur des objets d’enseignement, si la pratique n’a pas consacré ces procédés, et justifié leur excellence ? On ne devine pas les moyens d’enseignement. On peut recevoir une méthode toute faite, et l’appliquer ; mais rien ne supplée à l’expérience personnelle, et aux ingénieux artifices qu’elle fournit à chaque instant.

M. Darolles a fait de son livre le reflet ou pour mieux dire le résumé de son enseignement. On ne peut pas en douter, quand on lit avec soin et réflexion ses notions de grammaire comparée. Le plan est simple et naturel. Il commence par l’étude des lettres de l’alphabet, et arrive jusqu’à celle des figures de grammaire. Rien n’est oublié dans cet examen minutieux des éléments constitutifs des trois langues. Les ressemblances et les dissemblances sont, à chaque page, mises en présence, de manière à ressortir avec précision et netteté. On comprend ce que le latin doit au grec, ce que le français a emprunté à ces deux langues. On voit à quelle forte discipline s’étaient assu-