mier semble avoir beaucoup étudié Goudelin, ses métaphores toujours en relief, ses images saisissantes. Il reproduit avec bonheur les traits principaux de son caractère, et plusieurs des qualités éminentes de son style. Le second procède évidemment de Daubian, plus simple, plus méthodique, plus régulier dans son inspiration, plus égal dans ses figures. L’un peint, l’autre décrit ; de là, un caractère distinctif dans des productions qui sembleraient, par les circonstances où elles se sont produites, et par leur sujet même, devoir s’identifier et se confondre.
M. Alibert dit en termes que n’aurait certainement pas désavoués Goudelin :
Et quant al mès d’Agoust lou soulel sé fa biel,
Et mounto d’apassou dins lou cami d’al cel,
Alaro qu’aïci-tal sien grillats coum’un blésé,
Bostre bouquet est fresc, que fa baba dé bésé.
M. Roux écrit de son côté :
La flou que s’espélis es toujours uno estréno.
Pensée charmante, d’une délicatesse que la forme rend plus gracieuse, et qui ne se présente pas dans les vers de M. Roux, sans être habilement préparée ni parfaitement complétée.
Il y a un progrès évident pour les deux concurrents. De la pensée un peu incertaine, du vague des premiers vers, ils sont arrivés dans leurs dernières compositions, à un ton plus net, à une expression plus vive, à plus d’éclat, d’entrain et de charme dans le style. La sphère s’est agrandie devant eux, à mesure qu’ils avançaient : ils ont abordé les idées morales, et se sont faits les interprètes de considérations élevées et de sages conseils. C’est une voie féconde dans laquelle ils devraient s’engager résolument l’un et l’autre. Pourquoi le vers patois ne serait-il pas un moyen de faire pénétrer dans les