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n’y ait pas eu une réunion d’hommes sans une manifestation quelconque de vie intellectuelle. Une littérature, expression embellie de la nature et de la société, existe véritablement, lorsque les productions de l’esprit ne sont pas traduites dans une langue réservée à quelques-uns, lorsqu’elles se rattachent à des caractères généraux, et qu’elles tendent vers le même but, lorsqu’enfin elles sont assez nombreuses et assez belles, pour permettre à des esprits patients, de déduire des œuvres les principes qui les ont produites, et les règles sur lesquelles elles s’appuient. Non seulement elle existera, mais elle arrivera nécessairement à un certain développement perfectionné, lorsque les croyances religieuses, les prescriptions morales, les institutions sociales seront entre elles dans une harmonie qui pénètre l’âme, et l’élève à de plus hautes aspirations. Si la part de la société est grande dans la littérature, il est certain qu’un peuple verra grandir et se multiplier ses légitimes espérances de gloire littéraire, à mesure que sa foi sera plus ferme et sa morale plus pure.

Il ne nous est pas permis cependant, de dédaigner les productions du génie qui naissent dans des conditions différentes. Toutes les œuvres de l’esprit humain, quand elles sont sincères et généreuses, quand elles renferment quelques-uns des grands caractères qui forment le beau, ont droit à notre sympathie et à nos respects. Le cœur de l’homme a besoin de donner libre carrière, au sentiment de l’admiration ; il se retrempe dans l’enthousiasme. Laissons-lui en tous les charmes et tous les enivrements. Les études faites tous les jours, la facilité des communications, les explorations nouvelles, nous donneront à chaque instant, des occasions d’applaudir à tout ce qui aura été créé de beau et de bon, dans toutes les parties du monde, chez tous les peuples. En ne niant aucune de ces merveilles, nous aurons soin, cependant, de ne pas en exagérer l’importance ; et nous ne perdrons pas de vue que, si des peuples ont été assez