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L’antiquité ne nous est connue que par les œuvres de deux peuples : les Grecs et les Romains. Le peuple Juif est complètement à part. Son histoire, sa législation, ses mœurs, sa vie tout entière, rien en lui ne ressemble à ce que nous trouvons ailleurs. Dépositaire de grandes promesses et d’une haute mission, il ne doit pas être confondu avec toutes les autres agrégations d’hommes qui ont bien aussi, sans doute, leur rôle et leur action dans l’humanité, mais sans pouvoir prétendre à de si magnifiques destinées, et sans être l’objet d’une prédilection si visible. Tout d’ailleurs, est exceptionnel en lui ; et il n’est pas possible de tirer une conséquence quelconque des ressemblances ou des différences que l’on aurait à signaler

Le peuple Juif a une littérature. Les livres saints qu’il nous a transmis sont l’ensemble le plus complet, le plus harmonieux et le plus sublime qui puisse saisir et transporter l’imagination de l’homme. Ils sont la peinture la plus vivante, la plus diverse et la plus profonde de tous les sentiments et de toutes les passions du cœur, l’élan le plus enthousiaste et le plus vrai de l’âme : ils prennent tous les tons, se plient à toutes les formes, tour-à-tour d’une grandeur qui étonne et d’une naïveté qui charme, d’une majesté qui impose et d’une grâce qui ravit. Ici, c’est l’histoire avec une simplicité que nul peuple, que nul génie n’a su rendre ni aussi sûre, ni aussi éclatante : là, l’emportement lyrique, avec un élan que l’imagination a de la peine à suivre, avec la hardiesse de ses images, la vivacité de ses tableaux, le mouvement irrésistible d’une pensée qui s’élève à Dieu pour adorer et bénir, prier avec amour et remercier avec effusion, s’incliner sous l’aveu d’une faute, et se relever par le repentir. C’est la philosophie la plus haute, se dégageant des faits les plus simples ; c’est la désolation dans ce qu’elle a de plus poignant, le bonheur calme ou la joie expansive, la résignation avec sa sérénité, la tristesse avec l’infinie variété de