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M. MARIGNAC, membre associé, remet à la Société, au nom de M. J. Roumanille, un recueil de pièces diverses en langue méridionale. Ce recueil porte pour titre : Li Prouvençalo ; il est accompagné d’une introduction par M. Saint-René Taillandier, professeur de littérature française à la faculté des lettres de Montpellier.

M. Roumanille est un véritable poète. Il en a l’inspiration : il en sait la langue. L’idiome provençal dont il se sert, a reconquis les grandes qualités qui lui avaient donné dans le passé un si grand charme, et assuré un rôle si important. M. Roumanille s’en est servi pour propager de bonnes idées et exercer, autour de lui, au sein des classes laborieuses dont il est issu, une influence moralisatrice. Il s’adresse au peuple des campagnes, « pour lui enseigner les joies viriles du travail, les enchantements de la nature, les consolations de la foi chrétienne. »

Il a rassemblé, pour les convier au même but, en employant les mêmes moyens, des hommes pleins de zèle, et dont plusieurs mettent au service de cette belle cause, une âme vraiment poétique.

Il est résulté de cet accord de volontés, et des sympathies qu’il a provoquées, un certain nombre d’ouvrages différents de caractère, d’étendue et de mérite, mais dans lesquels revit tout entière la langue provençale.

Est-ce un mérite que ce retour à une langue dédaignée aujourd’hui ? Est-ce un bienfait, un avantage quelconque du moins ? M. Taillandier répond à ces questions, tout en caractérisant la tentative de M. Roumanille : « Ni la civilisation moderne, ni la langue moderne, ni la langue française, ne sont menacées par ce retour à des traditions particulières. Le culte de la famille ne nuit pas à l’amour de la cité ; la petite patrie ne fait pas oublier la grande. Soit qu’on s’attache seulement à la question littéraire, soit qu’on se préoccupe de la morale sociale, comment refuser une affectueuse sympa-