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étudié au Mas-Cabardés, petit village situé sur la limite du Tarn et de l’Aude. Il accompagne cet hommage à la Société d’une note dans laquelle il analyse les scènes représentées.

Le premier groupe est celui de la Vierge. L’art du moyen-âge se déploie dans cette composition avec toute sa grâce naïve et sa délicate simplicité. La Vierge vêtue selon la tradition biblique, repose sur un socle en saillie, au-dessus du chapiteau d’une colonne aujourd’hui brisée. Elle tient l’enfant Jésus dans ses bras. Sa tendre complaisance s’épanche par un doux sourire ; mais un peu de gravité mélancolique caractérise l’ensemble de sa physionomie. L’enfant est plein de grâce. Une de ses mains saisit le manteau de sa mère, tandis que l’autre porte un cœur, symbole de cet amour pour les hommes, qui le conduisit jusqu’à la mort, et jusqu’à la mort de la croix.

Trois anges d’une finesse de forme qui rappelle les productions des grands maîtres, d’un dessin dont la correction égale la suavité, et d’une hardiesse de pose qui n’enlève rien à la souplesse du mouvement, soutiennent au-dessous de la tête de la Vierge une couronne. Il règne dans ce groupe un air de fête, une joie tranquille, dont l’expression est saisissante.

L’arbre de la croix est surmonté par une figure d’un style sévère. À droite, est représenté Saint-Michel, terrassant l’ange rebelle. Son costume est celui d’un chevalier du moyen-âge. Parallèlement, on remarque un personnage dont les attributs indiquent un docteur et martyr. Son costume appartient à la fantaisie.

L’autre côté du monument représente le Sauveur crucifié au moment où il vient d’expirer. La tête, d’une admirable régularité s’incline doucement, et semble exprimer, par ce qu’il y a de plus doux dans le jeu de la physionomie, que le Rédempteur, en consommant le sacrifice, vient de donner la paix au monde.