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36 — Aqueducs de Belleville et du Pré-Saint-Gervais. — Visite au sujet des réparations à exécuter.

M. L. Tesson, au nom de la 1re Sous-commission, dit qu’en exécution des devoirs qui lui sont imposés par la législation qui régit les monuments historiques, M. le maire de la commune du Pré-Saint-Gervais a signalé à l’attention de M. le Préfet de la Seine le mauvais état de la fontaine située sur une place, publique de sa commune et qui est classée. Cette communication a été transmise à la 1re Sous-commission, qui a décidé qu’une visite serait organisée, non seulement du monument signalé, mais encore de tous les édifices et ouvrages classés dépendant de l’ancien régime des eaux de Paris. M. Selmersheim dirigea, cette tournée de la Commission, qui fut guidée par M. Poulet, conducteur des Eaux ; l’on constata avec satisfaction que M. Poulet apporte un soin et un intérêt certains à l’entretien et à la conservation de ces vieux souvenirs de l’ancienne administration parisienne, qui pourraient être la cause de Véritables désastres pour les régions environnantes s’ils venaient à péricliter par défaut de surveillance.

Le regard Saint-Martin rue des Cascades visité d’abord a été habilement réparé et à peu de frais ; il ne donne plus d’inquiétudes maintenant pour sa conservation. L’on a observé un débit d’eau bien supérieur au débit ordinaire, ce qui indique que l’aqueduc et la pierrée sont en bon état.

Le grand regard monumental de la Lanterne, rue de Belleville, est en assez bon état ; quelques rejointoiements sont nécessaires. Mais il y a lieu de surveiller l’aqueduc, aux approches de l’ancien regard Beaufils, pour reconnaître l’origine des infiltrations caractéristiques que l’on y constate.

La Lanterne est un édifice encore important, dont l’utilité n’a plus le même caractère que dans les temps passés ; néanmoins c’est un souvenir précieux de l’ancien régime des eaux et qui servit de modèle pour la mise en adjudication des travaux de l’aqueduc d’Arcueil au commencement du xviie siècle. Sa situation, au fond d’une cour, au milieu d’appentis et de menues constructions, menace de le laisser péricliter si des mesures de préservation n’étaient appliquées. Dans l’état actuel, les personnes du voisinage déposent des gravats du fumier et des immondices tout autour de l’édifice, dont l’accès est rendu difficile. Il est désirable de voir appliquer la servitude de circulation frappant les propriétés sur lesquelles existent des ouvrages des eaux anciennes et d’enclore le regard par une grille de protection très simple.

Les anciennes ordonnances du Bureau de la Ville — notamment celles du 3 août 1663 et du 14 juillet 1666 — sont applicables en l’espèce en vertu des lettres patentes du roi Henri IV, données à Fontainebleau le 16 octobre 1601.

La servitude d’isolement qui existe pour tous les ouvrages anciens de nos sources est applicable a fortiori pour le regard de la Lanterne. Peut-être cette servitude a-t-elle souffert un peu de la tolérance accordée à M. de Vauvilliers en 1786 ; celui-ci propriétaire du terrain environnant[1], exceptionnellement, avait une clef lui permettant d’accéder dans l’aqueduc.

L’intérêt attaché au regard de la Lanterne ne concerne pas seulement, la conservation d’un édifice important au point de vue historique ; il faut considérer que ce regard est le signe apparent de tout un régime d’ouvrages souterrains formant un drain toujours en activité et dont le rôle est considérable.

Sur la commune du Pré-Saint-Gervais, la Sous-commission a visité la fontaine avec son

  1. Registres de la Ville. Archives nationales, H. 1958.