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à faire l’office de drains pour chacun de leurs tronçons qui retiennent l’eau et qui peuvent, dans les terrains sablonneux peu épais situés sur des marnes, occasionner des glissements. Il en est de même, mais à un degré plus grand, des dangers que pourrait entraîner la suppression de portions d’aqueducs.

Comme conséquence, il résulte qu’à part l’intérêt puissant que peuvent inspirer les travaux remarquables exécutés par l’édilité parisienne dans des siècles déjà éloignés pour l’adduction d’eau de source, il y a nécessité de conserver, d’entretenir et de surveiller sans cesse toutes les parties dépendant des anciens aqueducs si l’on veut assurer là sécurité du sol.

Le classement des regards est une excellente mesure qui permettra de veiller sans cesse sur les parties apparentes des conduites. Les aqueducs auront prochainement besoin de soins, notamment celui des Maussains au Pré-Saint-Gervais et celui de Saint-Louis à Belleville. Quant au grand aqueduc de la Ville qui part du regard de la Lanterne, il est dans un état de conservation absolument parfait. Mais c’est sur les pierrées qu’il importe de veiller surtout, car il en existe de véritables réseaux qui se communiquent et dont les tracés sont peu connus. Il en a été rencontré récemment dans les travaux de prolongement de la rue Belgrand et l’on a pu remarquer avec satisfaction que M. Dariès, conducteur des eaux de la région, veillait à leur assurer une issue dans l’égout le plus proche.

M. Alfred Lamouroux appuie ce que vient d’exposer M. Tesson au sujet des mesures de conservation et de surveillance à appliquer aux anciennes conduites d’eau et, en ce qui concerne le regard Saint-Martin, du reste classé maintenant, pense que la Commission persistera dans ses conclusions de 1898.

M. le Président consulte la Commission, qui maintient sa délibération du 6 octobre 1898.

La Commission décide que notification du classement du regard Saint-Martin sera transmise à la direction des Travaux.


10. — Observations relatives aux fontaines marchandes.


M. Alfred Lamouroux informe la Commission que M. Arsène Lopin, conseiller municipal, a demandé, au cours de la séance du 11 décembre 1899, qu’une photographie soit prise de la fontaine marchande de la rue de l’Université, fontaine qui va prochainement être démolie. M. Alfred Lamouroux ajoute que le nécessaire a été fait auprès de M. le conservateur du musée Carnavalet pour que le cliché fût pris.

M. Lucien Lambeau, à propos de la démolition de la fontaine dont il s’agit, informe la Commission qu’il existe encore à Paris onze fontaines marchandes, dont il croit intéressant de donner la désignation :

La fontaine du cloître Saint-Merri, rue du Renard, 28.

La fontaine de Courcelles, rue de Courcelles, n° 13.

La fontaine de la Boule-Rouge, rue de la Boule-Rouge, 5.

La fontaine de Montreuil, rue de Montreuil, n°2.

La fontaine de Gentilly, boulevard d’Italie, n°17.

La fontaine de Vaugirard, rue de l’Abbé-Groult, 125 bis.

La fontaine d’Isly, rue du Département, 1.

La fontaine d’Allemagne, rue d’Allemagne, n° 111.

La fontaine de Belleville, rue Pelleport, n° 151.

La fontaine du Père-Lachaise, rue des Pyrénées, 245.

Et enfin la fontaine de l’Université, rue de l’Université, 81.

La fontaine marchande, ajoute M. Lucien Lambeau, peut être considérée comme un vestige du passé ; c’est à ce titre qu’il en entretient la Commission du Vieux Paris. Elle n’est plus, pour le Parisien, abondamment pourvu d’eau qu’il paie toujours, mais n’achète plus depuis longtemps, qu’un souvenir dans lequel il entrevoit vaguement le légendaire porteur d’eau à bretelles, si souventes fois caricaturé par le crayon des Daumier, des Gavarni, des Chain.

Un arrêté du 27 janvier 1865, signé du préfet Haussmann, régissait autrefois et régit encore aujourd’hui les fontaines marchandes et établissait le tarif de la vente : 100 litres d’eau coûtaient 0 fr. 10 c, et le puisage était fixé à 0 fr. 01 c. le seau.

Les préposés à la vente, ou receveurs, fonctionnaires de la Compagnie des eaux, étaient tenus de subir un examen devant l’ingénieur en chef, ils étaient divisés en plusieurs classes et recevaient, en plus du logement dans la