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riers qualifiés par leur connaissance reconnue de l’art ancien.

M. le Président estime que la Commission doit savoir gré au Conseil municipal de l’accueil qu’il a bien voulu faire à la proposition de la Commission en allouant une somme de 1,000 francs au nettoyage des vitraux en question. Il propose d’envoyer à cette assemblée les remerciements de la Commission.

Cette proposition est adoptée.

M. Selmersheim pense qu’il serait peut-être utile de s’adresser, pour l’exécution d’un travail aussi particulier, aux spécialistes employés habituellement à la restauration et au nettoyage des vitraux des cathédrales et des monuments historiques.

Cette motion est adoptée.

9. — Incident relatif au déplacement du regard Saint-Martin (anciennes eaux de Belleville).

M. Alfred Lamouroux annonce qu’il a reçu de M. le directeur des Travaux une communication relative au déplacement du regard Saint-Martin, situé rue de Savies. L’Administration a, en effet, l’intention d’établir une barrière au haut de la rue de Savies afin d’éviter que les voitures venant de la rue des Cascades ne s’y engagent et ne soient entraînées par la rapidité de la pente. La position actuelle de ce regard restreint le tournant déjà rapide de cette voie.

M. Charles Sellier pense qu’il faudrait simplement supprimer aux voitures le passage dans cette voie, qui est un véritable précipice.

M. Alfred Lamouroux rappelle à la Commission que, le regard dont il s’agit ayant été dernièrement classé comme monument historique, après avis du Conseil municipal, il faudra chercher une combinaison autre que celle de son déplacement.

M. Selmersheim pense qu’il suffirait de faire établir des marches à la rue dont il s’agit et d’y installer une barrière.

M. Tesson dit que la Commission du Vieux Paris s’est occupée antérieurement de cette affaire et qu’à la séance du 6 octobre 1898 il a été émis un avis nettement opposé au déplacement, à la modification ou au dérasement du regard Saint-Martin. M. Lamouroux indiquait, au cours de cette séance, que les moyens ne manquent pas de rendre plus facile la circulation de la rue des Cascades à la rencontre avec la rue de Savies.

De plus, à la suite d’un vœu unanime de la Commission, l’Administration a obtenu le classement du regard Saint-Martin comme monument historique. Les documents officiels concernant le classement ont été publiés dans le dernier procès-verbal de la Commission.

Il y a donc là un fait accompli qui suffirait par lui-même à écarter toute réclamation nouvelle ; pourtant, la circonstance actuelle fournit l’occasion d’appeler à nouveau l’attention de l’Administration sur le rôle utilitaire du régime d’adduction des anciennes sources du nord et de l’est de Paris.

La Commission du Vieux Paris a été frappée, lors de ses visites dans les regards et dans les aqueducs de Belleville et du Pré-Saint-Gervais, de la magnificence de la construction et des dimensions, bien supérieures aux besoins, de toutes les parties de l’œuvre. En effet, il paraît superflu de donner de 1 mètre à 1 m. 80 c. d’épaisseur aux murs des côtés des aqueducs et d’établir des galeries mesurant de 1 m. 60 c. à 1 m. 92 c. de hauteur pour écouler moins de 300 mètres cubes d’eau en vingt-quatre heures, par une rigole profonde seulement de quelques centimètres. D’un autre côté, les regards sont tous des monuments robustes et spacieux à l’abri de l’injure des temps. Mais il faut considérer que le système d’adduction par pierrées, qui a été employé pour la captation des nombreux ruisselets de la colline de Belleville, constitue un régime de drainage qui ne comporte que des avantages quand le fonctionnement est normal, mais qui amène des inconvénients sérieux dès qu’une partie des travaux périclite. En effet, les pierrées, partout où elles subsistent, recueillent les eaux d’infiltration arrêtées par les marnes imperméables et les conduisent d’abord dans les puisards qui constituent des relais ou des points de jonction, suivant les conditions, puis dans les regards d’où elles se jettent dans l’aqueduc.

L’aqueduc lui-même est formé dans ses murs latéraux d’un blocage de pierres sèches non jointoyées dans la partie inférieure, en sorte que l’eau d’infiltration coule aussi par d’innombrables fissures dans la rigole.

Si, pour des causes aussi importantes que celles qui ont bouleversé le système des anciennes eaux de Belleville — construction du chemin de fer de Ceinture, percement de la rue des Pyrénées, — l’on abandonne une partie des travaux sans la détruire, l’on provoque des accidents. C’est ainsi que des pierrées qui se trouvent coupées n’en continuent pas moins