Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1899, 6.djvu/11

Cette page n’a pas encore été corrigée

183 —

pris des photographies de l’escalier de l’hôtel de Luynes et qu’il soit établi des copies à l’aquarelle des peintures murales.

Adopté.

M. le Président estime que la 3e Souscommission pourrait en cette circonstance utiliser les talents spéciaux de M. Ypermann.

M. Georges Cain répond qu’il va se mettre immédiatement en rapport avec cet artiste.

23. — Établissement d’un plan à grande échelle contenant les vestiges du cloître et de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

M. Tesson, au nom de la ler Sous-commission, dit que des excursions récentes dans les alentours de l’église Saint-Germain-des-Près ont permis de repérer et de constater l’état actuel de vestiges importants de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Certains de ces vestiges n’étaient pas inconnus ; plusieurs ouvrages d’érudition traitant du vieux Paris les mentionnent. Néanmoins, la 1re Sous-commission devait les revoir, afin de contrôler leur existence et leur état de conservation. C’est le véritable récolement d’une situation ancienne dépourvue de l’inventaire dont la formation est poursuivie. Au cours de la dernière réunion, M. Laugier a décrit les vestiges que l’on rencontre à chaque pas autour de l’abbaye. Le plaisir a été grand, lors de l’excursion, de retrouver, non seulement tous les vestiges signalés, aussi bien par Lefeuve que dans le Bourg Saint-Germain et la Topographie du Dieux Paris, mais encore des fragments qui avaient jusqu’ici échappé aux recherches des érudits.

Les morceaux d’architecture qui restent de cette incomparable Chapelle de la Vierge, pour laquelle Pierre de Montereau a prodigué les trésors de son imagination et de son génie, sont épars ; leur conservation n’est pas assurée.

D’un autre côté, l’on peut espérer des trouvailles nouvelles résultant des recherches constantes auxquelles se livrent les membres de la Commission dans ce quartier. C’est ainsi que la tour de l’enceinte intérieure formant l’angle méridional de la façade de la Porte papale a été retrouvée, enchâssée entre deux immeubles, le n° 15 de la rue Saint-Benoît, où l’on voit au fond d’un atelier de menuisier l’emprise convexe de la vieille tour, et le n° 40

de la rue de Rennes où l’intérieur sert de magasin. Il s’agit de la tour d’angle que l’on remarque sur les vues que Dom Bouillart a jointes à son Histoire de l’abbaye royale de Saint-Germain-des-Prés et qui représentent l’aspect antérieur à 1640.

L’abondance des vestiges encore existants et leur importance a fait souhaiter l’établissement d’un plan à grande échelle où tout ce qui sera découvert pourra être indiqué, à côté de ce que l’on connaît déjà maintenant. L’on posséderait ainsi un document de constatation actuelle comprenant aussi bien le palais abbatial que l’église, les restes de la chapelle de la Vierge, le vieux mur d’enceinte du passage de la Petite-Boucherie et la tour de la rue Saint—Benoît. Ce document graphique faciliterait la conservation de tous ces souvenirs, et il aiderait puissamment les hommes d’étude qui recherchent les enseignements du passé et qui pourraient méditer des faits considérables de notre histoire qui se sont accomplis sur ce coin du sol parisien, en contemplant les restes que le temps n’a pas encore fait disparaître.

La nécessité d’un plan de repérage se manifeste chaque jour, au fur et à mesure des constatations sur place qui sont faites par la 1re Sous-commission.

En même temps que l’on retrouvait la tour de la rue Saint-Benoît, l’on revoyait les deux tours de l’enceinte de Philippe-Auguste, de la cour de Rouen et de l’impasse de Nevers, toutes deux si bien conservées ; les deux relevés que M. Hochereau en a faits en 1886 sont remarquablement intéressants. L’on a pu s’assurer que depuis cette époque rien n’a été détruit ni modifié de ces précieux débris, qui après avoir résisté à six siècles se trouvent menacés par la vétusté des maisons qui reposent sur eux.

La Sous - commission s’est rappelé que M. Lamouroux avait déjà proposé de demander l’indication, sur l’atlas administratif de la ville, des vestiges apparents des anciennes enceintes de la ville. Cette proposition a été reprise pour être jointe au vœu tendant à, l’établissement de plans à grande échelle contenant le repérage de ces souvenirs historiques.

M. Mareuse dit qu’il a visité les vestiges des tours en question et qu’il lui semble très utile de faire dresser les plans proposés par la 1re Sous-commission, en ajoutant la trouvaille de chaque jour. Il ajoute que ce plan ne pourrait être tenu à jour que par les membres de la Commission suivant de près ses travaux.