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M. Lucien Lambeau appuie l’observation de M. Guiffrey ; il ajoute, en ce qui concerne la Piéta, que ce tableau, œuvre véritablement remarquable, est cependant éclairé d’une façon assez satisfaisante pour une église, principalement dans la matinée.

M. Brown annonce qu’un journal a parlé de la détérioration des peintures de Chasseriau à l’église Saint-Merri ; il dit qu’à ce sujet il a prié M. Mercier d’examiner dans les églises les tableaux en mauvais état et susceptibles de se détériorer. Des mesures conservatoires pourraient alors être prises en connaissance de cause.

Il donne lecture de la lettre que lui a adressée à ce sujet M. Mercier :

Paris, ler mai 1899.

A M. R. Brown, inspecteur en chef des Beaux-arts de la ville de Paris.

Monsieur l’Inspecteur,

Selon le désir que vous m’avez exprimé lors de la visite que j’ai eu l’honneur de vous faire la semaine dernière, j’ai commencé mes études dans diverses églises pour vous rendre compte de l’état dans lequel se trouvent les peintures qui les décorent.

Selon votre recommandation, ma première visite a été pour l’église Saint-Merri, où vous m’aviez signalé les peintures de Th. Chasseriau dans la ch appelle de Sainte-Marie l’Égyptienne, qui sont en fort mauvais état. Il n’est que temps d’empêcher l’humidité de les gagner davantage et de les détruire tout à fait. Le décor du haut de la voûte est écaillé du côté droit et tombé sur une large partie.— Côté droit. La composition est divisée en trois tableaux superposés : En haut « Sainte Marie et Sainte Zozime », enfumé et impossible à juger d’en bas d’où l’on ne voit plus rien ; au milieu, Conversion de sainte Marie », humidité du côté de la fenêtre ; en bas, « Ensevelissement de la sainte », larges places salpêtrées sur toute la surface ; côté gauche en haut, Triomphe de la sainte», enfumé et salpêtré ; au-dessous, « Sainte Zozime racontant l’histoire de la sainte », complètement salpêtré. Il est actuellement fort difficile de se rendre compte des compositions, cependant le mal est encore remédiable.

Pendant que je m’occupais des peintures de Chasseriau, je suis allé visiter la chapelle qu’il a peinte à saint Roch. Là le mal est moins grand, l’humidité commence seulement à paraître, il y a quelques joints de pierre ouverts

et dont le rebouchage est tombé, de plus les deux compositions : « Saint Philippe baptisant l’Eunuque et saint François-Xavier » (peintures murales portées par erreur comme tableaux à l’inventaire de la Ville) sont tellement enfumées qu’on ne les voit presque plus.

Je vous signalerai encore dans cette église, dans la chapelle des monuments (Ire à droite en entrant), la peinture murale de : « l’Enfant prodigue », par Quentin, adossée au portail de l’église, qui est dans un état déplorable, une partie du haut de la composition est détruite par l’humidité. Heureusement, dans la partie des fonts, le bas de la composition et les figures étant relativement bien conservés, il serait urgent de ne pas laisser complètement perdre cette peinture pendant qu’il en est encore temps.

Je vous signalerai encore dans l’église Saint-Séverin les peintures de H. Flandrin, à la chapelle Saint-Jean, qui, quoique moins malades que les précédentes, auraient besoin d’être nettoyées ; elles sont jaunies et commencent à avoir quelques parties écaillées.

Il y a encore dans ces églises, ainsi que dans plusieurs autres, des peintures intéressantes, sur la conservation desquelles il serait utile de veiller ; j’aurai l’honneur de vous les signaler d’ici quelque temps, lorsque j’aurai pu les étudier plus complètement.

Veuillez agréer, Monsieur l’Inspecteur, l’assurance de mes sentiments dévoués.

C. Mercier.

16, rue de Seine. »

M. Brown ajoute qu’il s’est rendu à l’église Saint-Roch pour examiner le tableau dont parle M. Mercier, et qu’il a constaté que le salpêtrage des murs le mettait en grand danger.

M. Formigé répond que jusqu’ici le remède n’a pas été trouvé pour enrayer le salpêtrage des édifices.

M. Alfred Lamouroux estime qu’il serait intéressant, pour la 3e Sous-commission, qui comprend un certain nombre d’artistes, d’examiner dans les églises de Paris ceux des tableaux atteints, par le salpêtrage des murs. La Direction des services municipaux d’Architecture pourrait alors être consultée sur le remède à apporter pour remettre en bon état les murs que lui signalerait la Sous-commission.

Bien des tableaux de valeur pourraient être ainsi sauvés et rendus à la vue du public. Il ajoute que, comme en Italie et dans d’autres